Sans vouloir refaire un guide du financement de la création d’entreprise pour lequel il y a déjà beaucoup de littérature, je voulais vous faire part de notre cheminement et nos réflexions sur les aspects financiers…

Premier réflexe : reproduire ce que l’on sait faire

J’ai donc pris contact avec Pierre Viguier, conseiller EGEE qui m’avait accompagné sur la création de WaterProof il y a 10 ans pour parler d’un prêt d’honneur. Très bon accueil au projet, mais comme il est localisé sur Toulouse (et donc pas en Tarn et Garonne), MTGI n’est pas compétent et il faut voir avec Initiative Haute Garonne. Contact pris, premier dossier de présentation rapide effectué, rendez vous défini et rencontre avec Olivia Guiraud-Chaumeil qui a également réservé un très bon accueil au projet malgré les réticences initiales. Elle me confirme les caractéristiques du dispositif et valide avec ses collègues que l’on peut bien bénéficier du dispositif quand on est déjà en activité (sur une autre société). C’est bien possible, mais en échangeant avec elle, elle me glisse que le dispositif a sa raison d’être dans l’accompagnement des primo-créateurs plus que des vieux routards installés depuis plus de 10 ans… Nous en restons sur ces échanges avec quelques échéances pour fournir une version plus complète du dossier, passer en commission et obtenir (ou pas) le soutient en question (prêt d’honneur de 5.000 à 6.000€ dans notre cas).

Je veux dans ce projet incarner autant que possible d’éthique et c’est pour cela que j’ai fait le choix de ne pas poursuivre dans cette voie ; pour ne pas prendre un budget qui pourrait potentiellement servir à un autre créateur.

2ème approche : élargir le spectre

J’ai ensuite regardé les autres dispositifs qui existaient, mais aucun ne semble correspondre à notre cas et en faisant murir la réflexion, je suis attaché au fait d’être indépendant le plus possible pour ne pas intégrer de fragilité potentielle.

J’ai contacté Pick & Boost que nous avions accueillit pour un de leurs évènements (relayés sur France 3 d’ailleurs) pour échanger avec lui sur la pertinence de lancer une campagne de financement participatif et nous avons commencé à travailler sur le sujet. Imaginer une présentation attractive, demander des devis pour des contreparties, essayer d’être original et intéressant. En regardant ce qui se faisait dans ce domaine, première surprise même les plus gros projets ne lancent des campagnes que de quelques milliers d’euros, soit très éloigné de leurs besoins de financements réels (par exemple la plus grosse campagne que j’ai pu trouver était de 8.000€ pour un espace à Paris de 1.000m2, sur cette taille là je ne suis même pas sur que cela suffise pour le budget café/thé…).

En parallèle j’ai présenté notre projet aux banques avec lesquelles je travaille déjà et donc qui ont l’avantage de me connaître pour certaines depuis plus de 10 ans maintenant. L’accueil a pour la plupart été plutôt positif, mais une dont je tairai le nom m’a réservé un accueil un peu surprenant et dubitatif. Je peux tout à fait comprendre le positionnement et sur le principe ils sont censés estimer le risque de l’investissement pour assurer leurs arrières, même si sincèrement demander une caution à hauteur de 120% de l’encours je ne comprends pas bien où est la prise de risque de leur coté… Cette banque m’a demandé tout un ensemble de documents avec un formalisme un peu pointilleux pour rester courtois. Je me suis plié à leurs exigences, mais avec une petite colère intérieure, celle d’un sentiment d’injustice et d’un possible abus de pouvoir en ayant tout le loisir de permettre ou d’interdire la naissance d’un projet parce qu’ils en ont le pouvoir…

Etape 3 : bousculer le système et expérimenter

Suite à ces réflexions j’ai pris conscience de ce qui ne me plaisait pas dans le crowdfunding actuel (en tout cas celui que je connais, je ne suis pas un expert) c’est qu’il se base sur une approche de don. Hors dans mon cas je suis convaincu que notre projet est viable et utile dans l’éco-système local, je crois qu’il n’a pas besoin qu’on l’assiste en lui donnant des fonds pour lui permettre de réussir. Par contre il a clairement besoin d’une avance de fonds pour permettre de faire les investissements de départ (les 9.300€ de caution, les 5.500€ de frais d’agence, les ameublements…) pour rendre le projet réel et permettre de créer la richesse que nous pourrons dans un second temps réinjecter d’une part dans la consolidation de la société, de l’autre dans la rémunération du risque pris par les associés et enfin en contribuant à notre écosystème et son développement.

D’où le lancement d’une expérimentation « Devenez créateur d’étincelles » qui vise à réunir 40.000€ sous la forme d’un prêt à 0% remboursé au plus tard dans 18 mois.

Dans mon esprit si tous les adeptes du coworking (coworkers et coworking spaces) nous prêtaient juste 1 euro, nous pourrions facilement créer ce nouvel espace et mettre notre énergie dans le lieu pour tous les futurs usagers plus que dans des démarches administratives et de gestion qui au final ne créent pas de valeur. Et une fois lancé, dans quelques temps, via la redistribution d’un tiers de nos bénéfices nous contribuerons à notre tour à d’autres émergences de projet qui continuerons à leur tour à créer de la valeur. Ensemble nous créerons ainsi par ce mécanisme une boucle vertueuse.

N’hésitez pas à nous faire part de vos critiques, expérimentations similaires… cela nous permettra de les partager et d’avancer un pas de plus dans notre propre chemin.